Qu’est ce que le psychotraumatisme ?
Une personne s’expose à un risque de psychotraumatisme lorsqu’elle fait face à un évènement exceptionnellement menaçant et risquant de porter atteinte à son intégrité physique ou celle d’un autre. Le vécu se marque alors d’horreur, d’inhumanité, de peur, d’impuissance, de détresse. Parmi les évènements à risque de psychotraumatisme on distingue les catastrophes naturelles et les accidents des situations de violences sexuelles, conjugales, familiales, terroristes caractérisées par une intentionnalité de nuire qui renforcent le risque traumatique.
Le risque principal du psychotraumatisme est le développement d’un syndrôme de stress post-traumatique. Celui-ci est répertorié sous le terme ESPT (Etat de stress post traumatique) dans les référentiels des troubles psychopathologiques. Il peut apparaître dans les 3 mois qui suivent l’évènement comme plusieurs années après. Il est caractérisé par le syndrome dissociatif (état de conscience modifiée), le syndrome de revivescence (revécu de l’évènement dans ses composantes sensorielles : sentir l’odeur de la fumée, entendre le crissement des pneus, etc..), un état de vigilance pouvant aller jusqu’à des conduites d’évitement de tout ce qui pourrait rappeler l’évènement, des troubles du sommeil et des troubles cognitifs (envahissement de la pensée par des images, des pensées liées à l’évènement etc..)
Quels sont les défis posés au psychisme par l’évènement traumatique ?
Le 1er défi après un évènement traumatique est de pouvoir le représenter symboliquement, c’est à dire avec des mots ou des images. En effet, le psychisme n’arrive à ranger les souvenirs dans la mémoire qu’à condition que la charge émotionnelle soit apaisée. Or, la 1ère façon de faire cela, c’est de lier les émotions qui nous traversent à des représentations, c’est-à-dire à des mots ou des images. C’est ce que fait d’ailleurs la mère au tout début de la vie du bébé lui apprenant ainsi à verbaliser ses émotions, à les transformer en message puis en action réponse.
Le 2ème défi consiste à intégrer l’évènement traumatique, par nature « en rupture » dans le fil de l’histoire de la personne. En effet, que l’évènement traumatique, de par sa brutalité et sa puissance morbide, inscrit quelque chose d’indépassable qui ne peut ni se dire vraiment, ni se relier à un avant et encore moins inscrire un après. L’évènement traumatique fait ainsi « arrêt sur image », et aucun « au-delà » ne parvient plus à organiser vraiment la vie après le drame.
Le 3ème défi est le déchiffrage du trait signifiant qui émerge du discours des victime suite à l’évènement traumatique. En effet, du magma d’horreurs vécu, chaque victime extrait un trait singulier qui vient spécifiquement faire souffrance pour lui dans cet évènement : « l’incapacité à se protéger », « la solitude après» etc.. Ce trait, toujours signifiant dans l’histoire personnelle de la victime, se trouve brusquement et intensément remis au travail au décours de l’évènement actuel.
Comment le psychologue accompagne t il les victimes de psychotraumatisme ?
La 1ère mission du psychologue qui accompagne les victimes de psychotraumatisme est de traiter le symptôme. L’état de stress post traumatique, en plus de faire souffrance, peut rapidement devenir très envahissant (repli sur soi, crises d’angoisses, incapacité à se concentrer, etc..) et conduire à moyen terme à une rupture du lien familial, social, professionnel. Anne-Sophie Cheron s’appuie dans sa pratique avec les victimes de stress traumatique sur les techniques EMDR et ICV afin de mettre au travail, de faire évoluer et d’intégrer l’évènement dans l’histoire de vie.
La 2ème mission du psychologue face au psychotraumatisme est, là ou la personne a été l’objet de l’évènement, de lui permettre de retrouver sa position de sujet. Le travail mené avec le psychologue vise ainsi non pas à effacer la blessure de l’évènement, mais à la dépasser et à la transformer. La psychothérapie cherche à inscrire là ou il y a effraction psychique, là ou il y a trou, une nouvelle place au monde, créatrice et transformatrice, qui, par un trait discret, rappellera la blessure sur laquelle elle s’est construite.